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Prix Jean RENOIR des LYCÉENS 2025

Les  élèves de 1ere AGORA du lycée de Haute Auvergne participent au Prix Jean RENOIR des LYCÉENS 2025

Les élèves de 1ere AGORA du lycée de Haute Auvergne ont eu  la chance de faire partie des 56 classes retenues en France pour participer à l’édition 2024-2025 du prix Renoir des lycéens, un prix qui les a amenés à voir 6 films tout au long de l’année puis à participer au jury qui prime le film 2025.

Le  prix Renoir des lycéens récompense également les critiques (écrites, sonores ou audiovisuelles) produites par les élèves.

Les films ont été visionnés au cinéma Le Delta,  cinéma partenaire de l’opération, où, à chaque fin de séance, un débriefing a été organisé avec Rémi Voissier, directeur du cinéma, qui a donné de précieuses informations aux élèves.

Les objectifs du projet étaient  nombreux :

Éveiller et entretenir chez le lycéen un intérêt pour la création cinématographique contemporaine, susciter la découverte de films en salle, stimuler leur capacité à émettre un jugement critique sur une œuvre en confrontant leur point de vue avec celui de leurs pairs.

Les  six films en lice cette année étaient :

Tatami, de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv

L’histoire de Souleymane, de   Boris Lojkine

La plus précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius

Vingt dieux, de Louise Courvoisier

Bird, d’Andréa Arnold

Black Dog, de Guan Hu

 

 

 

 

Deux délégués par classe, élus par leurs pairs, participeront à une rencontre nationale à la Fémis, à Paris les 27 et 28 mai prochains, avec des critiques, des artistes et des professionnels du cinéma. Ils y défendront le choix de leur classe.

À l’issue de cette rencontre, qui privilégiera l’échange et la discussion, le film lauréat sera désigné. Lors de cette cérémonie, un Prix de la critique sera également attribué par un jury de critiques professionnels, récompensant les meilleures critiques publiées par les classes sur le site du Prix Jean Renoir des lycéens.

Les élèves de la classe de 1ere Agora ont, quant à eux, élu le film de Michel Hazanavicius, la plus précieuse des marchandises : un votre très serré !

Exemples de critiques d’élèves de 1èer AGORA :

Tatami  de Guy NATTIV et Zar AMIR EBRAHIMI est un drame américano-géorgien. Les actrices principales sont Arienne MANDIE (Leila) et Zar AMIR EBRAHIMI (Maryam).

Ce film raconte l’histoire de Leila HASSEINI, judokate iranienne et de sa coach Maryam GHAMBARI participant aux championnats du monde féminin de Géorgie. Pendant la compétition, l’Iran met la pression et  menace les deux jeunes femmes pour qu’elles abandonnent afin de ne pas combattre contre l’athlète israélienne. Une altercation entre la judokate déterminée et la coach, résignée, apeurée débutera. Céderont-elles aux menaces ou se battront-elles ?

Les efforts de réalisation sont remarquables, ne serait-ce que par sa couleur, le noir et le blanc. Le noir et le blanc représentent ici le bien et le mal, c’est l’interprétation concrète du monde manichéen. De plus, la présence de musique extradiégétique apporte une profondeur supplémentaire au récit. Le format inhabituel qu’est le 1.33/1 vient appuyer sur l’enfermement du personnage de Leila : résister ou céder. Le jeu des actrices nous ancre dans l’histoire notamment lors des combats qui, rappelons-le, sont tournés à l’épaule. Les valeurs portées par le film sont lourdes de sens et d’engagement, puisqu’il s’agit de l’émancipation des femmes, et de l’oppression subie par les femmes iraniennes dans leur pays. Le combat n’est donc pas que sur le tatami ou sur l’écran.

Le film a été récompensé au festival de Venise et nommé à celui de Tokyo. C‘est un film que je recommanderai sans hésitation à quiconque cherchant une expérience de qualité.

 

 Sorti en novembre 2024, La plus précieuse des Marchandises est un long métrage d’animation réalisé par Michel Hazanavicius. Ce drame franco-belge d’une heure 20, inspiré du conte de Jean-Claude Grumberg s’adresse à un public adolescent et adulte.Il raconte l’histoire d’une pauvre bûcheronne,  vivant au cœur d’une forêt polonaise, qui recueille un bébé miraculeusement jeté d’un train de déportation. Cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme et de son mari.

 Ce récit, prenant des allures de conte, explore les thèmes graves et profonds de l’antisémitisme et de l’amour en temps de guerre, sans jamais prononcer explicitement les mots associés à cette sombre période de l’histoire. L’univers visuel est entièrement dessiné par le réalisateur lui-même, des dessins sensibles et sublimes,  appuyée par la bande originale musicale imaginée par Alexandre Desplat, qui renforce l’intensité émotionnelle de l’œuvre. La  plus précieuse des marchandises est une œuvre humaniste,  percutante et extrêmement touchante qui transmet un message sur l’amour universel.

 

Vingt dieux est un drame français de Louise Courvoisier, sortie le 11 décembre 2024.Il raconte l’histoire de Totone, 18 ans, qui voit sa vie bouleversée après la mort de son père : il devra surmonter ce deuil tout en s’occupant de sa petite sœur Claire de 7 ans.  Vingt dieux est un film bouleversant. Le spectateur suit le même personnage, comprend ses émotions, ses coups durs, les décisions qu’il prend qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Totone est un garçon fougueux et déterminé mais aussi naïf et sensible quand il s’occupe de sa petite sœur et auquel on s’attache très rapidement. Les lumières sont naturelles, le cadre montagneux et agricole, le tout est très réaliste. Le bal, les courses de voitures nous embarquent tout de suite dans une ambiance de village.

La fabrication du fromage est une belle métaphore pour représenter le deuil de Totone : tout comme lui, il aura besoin de temps pour gagner en maturité.

Le casting du film compte des acteurs non professionnels, au talent incroyable, ce qui donne une réelle authenticité : accent jurassien, démarches et gestes de personnages. Le film enfin raconte la solidarité et la jeunesse dans le monde rural.

 

Le film Bird d’Andrea Arnold, sorti en janvier 2025, raconte l’histoire de Bailey, 12 ans, qui vit dans un squat avec son frère Hunter et son père Bug. Cette jeune fille qui approche de la puberté s’évade souvent pour respirer, elle  trouve un jour le graal en rencontrant un homme du nom de Bird. Entre de rares moments de douceur et la violence quotidienne, va-t-elle réussir à avancer dans ce monde ?

 

Ce film  est remarquable pour de multiples raisons. Premièrement, la métaphore de la liberté par le biais de l’oiseau, magnifiquement portée par le personnage de Bird (Franz Rogowski). Au début du film, Bailey filme un oiseau derrière un grillage, volant assez bas et qui, tout au long du film, s’élève de plus en plus haut dans le ciel, comme Bailey dans sa vie. C’est dans un moment de désespoir pour elle qu’arrive Bird, insouciant et innocent,  cherchant à retrouver sa famille. Lors de son arrivée la liberté est exprimée par un coup de vent soudain, relevant du fantastique   : on peut se demander si le personnage de Bird n’est pas une construction mentale de Bailey afin de se protéger. Bailey qui est au début très renfermée sur elle-même nous fait penser au papillon, visible à plusieurs reprises dans le film. Nous pouvons penser que Bailey a atteint le stade de sa vie ou elle doit sortir de sa chrysalide et prendre son envol pour survivre dans ce monde.

 

Cette famille, qui est très loin de  la famille parfaite du fait entre autres du jeune âge des parents, reste tout de même attachante. La mère est dépassée par les événements et n’arrive plus à gérer  son nouveau compagnon ; elle laisse Bailey complètement aux crochets du père, on les voit malgré tout s’entraider dans les moments difficiles.

Le père, sous l’emprise de la drogue fait de son mieux pour élever ses enfants avec sa nouvelle compagne que Bailey a d’abord du mal à accepter parce qu’on lui a imposé sa présence. Quand au  frère de 14 ans, il préfère faire la justice lui-même avec l’aide de sa bande, en faisant preuve de violence envers ceux qu’ils désignent comme le méritant et s’apprête à reproduire le modèle parental.

Au cours de  la dernière scène, nous apercevons un renard symbolisant la renaissance qui peut nous faire penser que Bailey  entame un nouveau chapitre de sa vie, et accepte sa famille telle qu’elle est.

 

La réalisation, le jeu des acteurs et la bande originale du film sont époustouflants. Les plans à l’épaule nous plongent dans le réalisme du film, tout comme la puissance du jeu des acteurs, transmettant des émotions par la gestuelle et le regard. Les musiques de types rock / pop donnent de l’énergie au film qui nous fait prendre un grand bol d’air frais. Famille, violence et amour se confondent.

Un film social d’une grande qualité qui en vaut le détour.